ANCRAGE. Alors que le besoin de formation des enseignants n’apparaît que plus fort, en Afrique francophone, la Mission laïque française ouvre un centre dédié à Abidjan.
La scolarisation en Afrique subsaharienne francophone a bien progressé ces dernières années, mais la qualité reste limitée. L'un des points faibles que pointe la majorité des experts reste l'acquisition des compétences de base. En effet, plus de la moitié des élèves de quinze pays d'Afrique francophone commencent leur scolarité dans le secondaire sans savoir ni écrire ni lire. Un récent rapport du Programme d'analyse des systèmes éducatifs (Pasec) des ministres de l'Éducation d'Afrique francophone l'a encore constaté. « Ces élèves éprouvent des difficultés d'apprentissage […] relativement importants dans le déchiffrage de l'écriture et la compréhension des mots », indique ce rapport financé notamment par l'Agence française de développement (AFD). On sait également que le facteur linguistique joue un rôle majeur dans l'apprentissage des acquis de la primaire. En Afrique, et notamment dans les pays francophones, le problème se pose avec acuité, car il a été constaté que l'absence de ces acquis compromet sérieusement la réussite de la scolarité. En Côte d'Ivoire, la principale problématique à la fois pour les institutions et pour les parents d'élèves est la qualité de l'enseignement, et donc la qualité de la prestation des enseignants. Surtout, qu'il faut faire avec du personnel venu de divers horizons avec des parcours tout aussi différents. Reste que pour atteindre les objectifs de formation commune, il faut souvent y mettre les moyens financiers.
Le savoir-faire éducatif français
Et c'est là qu'intervient la Mission laïque française – association indépendante dédiée à l'enseignement français –, déjà bien implantée dans le monde (avec 112 établissements, NDLR) et au Maroc, pour le continent africain. Avec quelques partenaires comme la Proparco, filiale de l'AFD dédiée au secteur privé, la Mission laïque française s'est penchée sur ces enjeux de la formation des enseignants en mettant l'accent sur l'innovation. « Le facteur qui a le plus d'influence sur la réussite des élèves, c'est l'enseignant. Un bon enseignant, c'est celui qui va faire progresser très vite ses élèves », a dit à l'Agence France-Presse Julie Higounet, responsable ingénierie formation à la Mission laïque française. C'est elle qui pilote le tout nouveau projet de Centre de développement professionnel (CDP) situé à Abidjan, qui doit former sur cinq ans près de 10 000 enseignants de 15 pays d'Afrique subsaharienne francophone. Au-delà des chiffres, l'idée est de s'inscrire dans la grande tradition de coopération française avec l'Afrique, avec en tête les objectifs fixés par le président français, Emmanuel Macron, pour renforcer l'enseignement français dans le monde. In fine, le continent africain pourra s'appuyer sur ses propres ressources locales avec des enseignants qui peuvent se former sur place et qui ne seront plus obligés de partir se former à l'étranger. La crise sanitaire mondiale n'a fait que renforcer la conviction des participants au projet.